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L’universe de Sanyu

En 2002, la Li-Ching Cultural and Educational Foundation publiait le premier volume du catalogue raisonné. Le tome II ajoute de nouveau tableaux et dévoile les sculptures.

SANYU n'est plus cet artiste méconnu, à demi oublié tout du moins en France, où il vécut la plus grande partie de sa vie et mourut en 1966. Né au Sichuan en 1901, il part pour Paris vingt ans plus tard. Installé à Montparnasse, il fréquente les artistes venus du monde entier pour se frotter aux avant-gardes qui défrayaient la chronique et choquaient le bourgeois. Pour se faire une idée de la vie que ce « dandy du Sichouan » menait dans ces années-là où il bénéficiait encore d’un soutien financier de sa famille, mais aussi de ses recherches esthétiques, ce second volume approfondit les notes et essais d’Henri-Pierre Roché et, dresse en particulier, l’inventaire des œuvres de Sanyu qu’il avait acquises: pas moins de 109 peintures, 600 dessins et 34 gravures.

Les fonds en provenance de Chine devenant de plus en plus irréguliers, le peintre sut apprécier le soutien de l’écrivain, collectionneur et marchand. Le catalogue met aussi l’accent sur l’amitié et la générosité du photographe Robert Frank, que Sanyu rencontra lors de son séjour à New York de 1948 à 1950 et allant jusqu’à partager son appartement. Sentant la détresse de son ami peintre, Frank lui organisa une exposition et, comme aucun tableau ne fut vendu, il les acheta tous. Un demi-siècle plus tard, il les mit en vente et le produit permit de fonder le Sanyu Scholarship Fund de Yale. Son objectif? Épargner aux étudiants chinois les rigueurs que dut endurer l’artiste. Les sculptures de Sanyu ont été révélées également grâce au photographe. À ce jour, on en connaît seulement six, toutes réalisées entre 1942 et 1944, et exposées aux salons. Le succèss ne fut pas plus au rendez-vous que pour ses tableaux. Robert Frank en possède deux – Cheval rouge et Femme aux gants verts -, qu’il conserve après avoir vendu sa collection de peintures pour financer le programme de bourses. Selon lui, elles « matérialisent et résument la vie de Sanyu: la solitude, le désir ardent et l’amour ». Ce volume II de catalogue raisonné de Sanyu est l’œuvre – tout comme le premier comportant 257 peintures et une biographie détaillée, paru en 2001 pour célébrer le centenaire de sa naissance -, d’une fondation créée en 1983 par I Fu-En. Rita Wong, sa fille et directrice, a accepté de nous en dire un peu plus sur les missions et les projets que la fondation, basée à Taiwan, s’est fixée. « La Li-Ching Cultural and Educational Foundation a été établie par mon père, I Fu-En, en mémoire de sa mère Li-Ching Sun en 1983. Li veut dire construire; ching, la jeunesse. C’est dans cet esprit que la Li-Ching Foundation propose des bourses en Chine et à Taiwan pour aider des étudiants. On a parrainé aussi deux écoles élémentaires en Chine. Notre parrainage des efforts culturels et artistiques a déjà une longue histoire. On a contribué à la publication de beaucoup de catalogues des musées, par exemple celui de l’époustouflante exposition “China: 2000 Years” au muse Guggenheim en 1999, ainsi que plusieurs autres expositions et catalogues aux États-Unis, en France et à Taiwan. » La fondation poursuit divers projets éditoriaux. Madame Wong en explique ainsi le fil directeur: « Mon but consiste à faire connaître les artistes chinois, en particulier ceux de l’époque moderne, au plus grand nombre de personnes. Ces peintres sont importants car ils ont choisi d’engager un dialogue avec l’Occident, surtout la France. Bien qu’on connaisse plus particulièrement l’artiste japonais Foujita, on sait peu de choses des artistes chinois restés longtemps en France pour étudier, ou de ceux qui ont adopté la France comme leur lieu de résidence. En plus de ces catalogues, mon objectif est de monter des sites Internet sur ces artistes afin que les étudiants, les historiens, les collectionneurs et le public puissent accéder à ces informations gratuitement. Il est souvent difficile de trouver des informations et des bibliographies à leur sujet. En partageant ce que j’ai amassé pendant les deux dernièrs décennies, j’espère que je pourrais faire partager mon admiration pour cette génération d’artistes à un public plus large. Le premier site Internet est déjà lancé. Il n’est pas complètement achevé, cependant la structure générale est déjà mise en place. Vous pouvez le consulter sur www.artofsanyu.com ».

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